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Teksty literackie

Poèmes

Autor tekstu: Claire Lajus
Ilustracja: Claire Lajus
08.05.2020

Le grutier

 

 

un à un il saisit les échelons meut son corps ankylosé

au sein de l’étroit ventre de sa machine descend palier après palier

le corps las les échelons un à un

 

que c’est long avant de toucher terre 

son ombre un peu vacille au bord d’une rambarde

une fois le pied au sol il sera or-dinaire

ne pourra plus échapper

aux courriers aux frais aux actualités

dans le vide à l’intérieur de sa galerie de fer

il s’interroge

 

si peu de terre à contempler tant de toits immenses les cieux

de ma cabine je vois de loin très loin la terre lentement s’obscurcir les ombres

devenir géantes engloutir tous les quartiers l’azur

concentre tous les espoirs palpite bleu

 

entre deux paliers silhouette mouvante

tenue aux barres d’acier

s’est-il arrêté échelon parmi les échelons

 

les étourneaux viennent se reposer le soir sur mon bras

endormi triste branche des hommes

toute la journée je manipule avec précaution mes manettes

avec moi un bout de ville se forme

en bas des hommes crient des hommes

suent minuscules moineaux me font signe

tous les regards braqués sur ma cabine où juste

mon profil noir se découpe

mon bras fait monter descendre pivoter des barres des blocs des escaliers

 

ce souffle vertical trace une fulgurance sur la surface

des croisillons géniedanslalampe il connaît la mesure du vide                       

                                                                                          et la craint

les échelons un à un plus rapide

il disparaît

 

 

délaissée sa grue tourne lentement

lentement tourne

 

 

 

 

 

Sur les seuils

 

nous irons chercher au loin arrachant

les fondations de nos quotidiens entraînant avec nous

beaucoup de fureur et d’espoirs

nous irons chercher au loin

un endroit accueillant où reposer nos corps

où reposer nos cœurs

nous y avons droit certains l’ont déjà d’autres

l’exhibent même

ô chants de sirènes écoutés chaque soir sur nos seuils

à cet infime moment où plein de sommeil et fouettées

par la fraîcheur de la nuit nous entrevoyons

l’étendue sauvage de nos désirs en friche

 

 

 

  

 

Minéralité

 

 

là-bas l’étendue sauvage de nos désirs en friche

 

 

les fossés sont pleins de rêves, tremblements tombés du cœur, on cherche parmi les trèfles le signe qui appellera la chance, les chemins qui serpentent dans la campagne murmurent une mélodie en écho à bien des histoires portées en soi, l’été fait oublier la sueur de chaque virage, il tient par la main, nous laisse glisser sur les courbes qui nous appellent et nous exigent

 

et nous exigent

 

 

verticalité qui observe, infimes brindilles, herbes, épis, dans un paysage arrivé à maturité, des oies sauvages tracent des lignes fugaces, leurs cris ponctuent l’air sans l’alourdir, où est notre place sous ce ciel diaphane où tout respire à souffle bas ?

 

 

à souffle bas, nous avançons dans la forêt, inutiles les yeux, tout semble identique, mousses, pierres, troncs, sentir le nord, sans trop s’éloigner des sentiers, la forêt avale, ne recrache jamais, indifférente comme la mer, aux entrailles pareillement profondes, sur un roc en hauteur un élan nous observe, furtif roc de chair jaugeant notre degré de minéralité

 

jaugeant notre degré de minéralité…

 

 

 

 

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